Skolkovo, la cité du futur consacrée à la science, la recherche et l’innovation, telle une « Silicon Valley » russe, s’apprête à sortir de terre. Projet utopique ou visionnaire ?

La ville conçue comme une cellule s’étire à partir d’un noyau central structuré autour de l’université et du Technopark, pièces maîtresses de la cité. Source : AP
 

Alors que fin 2012 devrait marquer le début de la phase de construction suivant un plan d’urbanisme développé par le bureau français AREP, comme le souligne David Chipperfield du Conseil urbain de la Skolkovo Foundation, le défi de ce projet consiste à inventer une ville à partir d’une feuille blanche, à passer sans transition et sans histoire de l’idée à la réalité. La marge de manœuvre est réduite. Le risque est élevé. Est-il possible de tout prévoir, de tout anticiper pour concevoir un tissu urbain dans toute sa complexité, tant au niveau des interactions humaines que de ses infrastructures ?

De tout temps, des utopies urbanistiques ont vu le jour : Brasilia, Auroville, Astana, Ordos... Certaines se sont révélées des réussites. D’autres non. Skolkovo, elle, se singularise par son objet, l’innovation. Les futurs chercheurs qu’elle ambitionne d’attirer travaillent déjà en réseau. La ville conçue comme une cellule s’étire à partir d’un noyau central structuré autour de l’université et du Technopark, pièces maîtresses de la cité. Sa superficie totale de 400 hectares divisée en quatre districts comporte des espaces de logements, de commerces, de loisirs et de services entrecoupés de nombreuses zones vertes.

La réalisation des bâtiments conçus dans une optique d’économies d’énergie a été confiée à une série de bureaux d’architecture, dont Herzog & de Meuron, OMA ou Sanaa. Pour rendre la ville attractive pour ses usagers (26 000 personnes, dont 6 000 chercheurs qualifiés, 2 500 étudiants ou personnels académiques et 10 000 entrepreneurs), l’innovation y sera non seulement générée, mais aussi présente au quotidien. Comme l’explique Jack Bennet, directeur adjoint à la Skolkovo Foundation, « nous voulons mettre en œuvre un concept de « Smart City » en partenariat avec l’entreprise CISCO ».

Le projet bénéficie déjà de quelque 250 millions d’euros d’investissement de leaders mondiaux dans des secteurs de pointe tels que Boeing, EADS ou IBM, et d’un partenariat avec le Massachusetts Institute of Technology - un premier signe positif de la part du marché pour le projet dont le coût total est estimé entre 4 et 5 milliards d’euros. Si la Russie réussit ce pari risqué, elle pourrait enclencher une dynamique de nature à diversifier durablement son économie.

Dans cette perspective, Skolkovo était représentée au premier New Cities Summit, qui vient de se tenir cette semaine à Paris (du 14 au 16 mai), pour échanger sur les défis des centres urbains au XXIème siècle.

 

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